Comme
nous l'avons expliqué dans nos autres articles, nous devons nous mobiliser afin de
préserver la gestion publique de notre patrimoine et bien commun
qu'est l'eau, menacée aujourd'hui par son transfert à la future
communauté de communes (CCEPPG).
Nous
essaierons par cet article de rentrer dans le détail des rouages qui
amènent notre Communauté de communes du Pays de Grignan (CCPG) à
accepter ce transfert, et de relater l'argumentaire que nous a fourni
M. le Maire de Taulignan et M. le premier vice-président de la CCPG.
Nous avons conscience de son aspect très technique mais il est
destiné à faire comprendre toute la complexité qui rend
aujourd'hui incompréhensibles les réelles motivations des uns et
des autres.
Des choix contraints ?
Notre
interrogation est partie d'un article de la Tribune publié le 7
novembre 2013, relatant les propos du président de la CCPG (à relire notre article ici).
Suite
à notre lettre, M. le Maire, accompagné de ses adjoints, nous a
proposé un rendez-vous, afin de mettre au clair la situation et nous
expliquer pourquoi cette décision de léguer la compétence de l'eau
à la future CCEPPG avait été prise.
Dès
notre arrivée, il nous a été signifié que l'article du journal ne
relatait pas la réalité. On nous a alors affirmé qu'il n'y avait
pas d'échange entre la compétence petite enfance et la compétence
de la gestion de l'eau, et surtout, qu'il n'était pas question de
privatiser cette dernière. Les élu-e-s de Taulignan ont même
ajouté qu'ils étaient d'accord à 80% avec notre lettre, sauf qu'il
leur était impossible de faire autrement que de transférer cette
compétence, malgré leur souhait de garder l'eau au pouvoir de la
commune.
Les
deux principales raisons pour lesquelles ils ne pouvaient faire
autrement étaient les suivantes :
- Pour que la compétence soit acquise à la future CCEPPG, il faudrait qu'elle obtienne 2/3 des voix des délégué-e-s intercommunaux qui représentent plus de la moitié de la population de la CCEPPG, ou la moitié des délégué-e-s intercommunaux qui représentent 2/3 de la population de la CCEPPG. Or, la Communauté de communes de l'Enclave des Papes (CCEP) avec laquelle nous fusionnons a 26 sièges de délégué-e-s sur 46, et représente 61,8 % de la population totale. Nous n'avons donc aucune chance de peser.
- Valréas a une minorité de blocage, ce qui implique que toute décision doit être acceptée par la commune (qui représente à elle seule au moins 1/4 de la population totale). Cette minorité de blocage leur permet donc de toujours pouvoir s'opposer aux décisions et donc d'imposer ce transfert.
Leur
conclusion était alors de dire que, comme nous ne pouvions pas
conserver la régie publique de l'eau, nous pouvions tout de même
gagner une petite satisfaction en faisant accepter le transfert de la
compétence petite enfance détenue par la CCPG, au sein de la future
communauté de communes.
Mais ces deux arguments sont faux !
- Ce ne sont pas les 2/3 des délégués intercommunautaires qu'il faut obtenir, mais bien les 2/3 des conseils communaux, ce qui est complètement différent ! En effet, même si toute l'Enclave votait pour ce transfert, ils représenteraient effectivement plus de la moitié de la population (14133 habitants sur 22 870) mais pas les 2/3 des communes (19 x 2/3 = 13 communes), puisqu'ils ne représentent que 4 communes.
- Une minorité de blocage ne peut pas imposer une compétence, elle ne peut qu'empêcher qu'elle soit acceptée.
Nos
interlocuteurs ont visiblement commis plusieurs erreurs mais ont
refusé de les reconnaître lors de notre entretien.
Ainsi,
la réalité est que l'eau peut rester en gestion communale si au
moins 10 (si Grignan vote avec l'Enclave), ou 9 (si Grignan vote
contre le transfert ou s'abstient) des 14 communes de la CCPG le
souhaitent !
En
effet, puisqu'il faut au moins la moitié des communes, il faut que
la CCEP trouve 6 communes alliées pour obtenir le transfert de cette
compétence au sein de la future CCEPPG.
Si
donc l'eau est sortie des compétences des communes, ce n'est pas
parce que l'Enclave l'a imposé mais parce qu'au moins 5 ou 6 de nos
communes l'ont voulu.
Si
donc l'eau a été négociée contre la petite enfance, c'est pour
éviter que Valréas n'utilise sa minorité de blocage contre
l'entrée de cette compétence petite enfance dans la CCEPPG.
Voilà un petit arrangement entre amis que nous ne pouvons accepter tellement les enjeux sont sans commune mesure.
Un marché de dupes ?
C'est
de façon contradictoire, et après notre insistance, que le premier
vice-président de la CCPG à admis à demi-mots que nous avions
raison, reconnaissant par là implicitement que leur attachement à
l'eau signalé au début n'était absolument pas réel mais l'article
de la Tribune tout à fait juste !
La
suite de l'argumentaire a consisté à dire que ce transfert de
compétence ne rendait pas nécessaire le passage de l'eau au privé
en 2017, date de fin des contrats de Délégation de Service Public
de l'Enclave. Ils ajoutaient alors espérer convaincre les futur-e-s
élu-e-s délégué-e-s à la CCEPPG pour remettre en régie publique
toute la CCEPPG.
Nous
contestons ces arguments pour deux raisons :
- Nous savons que le retour en régie est lourd et difficile à mettre en place même si, à terme, il est bénéfique pour tout le monde. Le problème étant qu'il faut reformer du personnel, retrouver les outils, etc. Les efforts qu'il faudra alors faire seront importants et l'Enclave n'aura donc aucun intérêt à le faire, étant elle-même déjà en Délégation de Service Public (DSP). Pour privatiser il faut un vote, pour revenir en gestion publique, il faut 3 à 4 ans de préparation.
- Une fois cette compétence accordée à la CCEPPG, nos communes n'auront plus aucun pouvoir sur les décisions votées. En effet, si les votes des compétences se font à la majorité qualifiée (voir la règle plus haut), les décisions ensuite seront prises à la majorité absolue des membres du conseil communautaire. Et là, l'Enclave possède 26 sièges sur 46 et s'impose donc comme majoritaire de fait ! Alors qu'il faut à l'Enclave, aujourd'hui, s'associer à 6 communes pour transférer cette compétence, elle pourra seule décider de la privatisation de l'eau si elle obtient ce transfert.
La
pression que notre CCPG ne peut et veut pas mettre aujourd'hui pour
faire accepter la petite enfance par Valréas , elle ne pourra
évidemment pas la mettre en 2017 pour convaincre toute l'Enclave à
repasser en régie publique !
Au
final, il faut donc comprendre que si la
gestion de l'eau passe du pouvoir des communes à la future CCEPPG,
elle sera offerte aux entreprises privées en 2017, avec
toutes les conséquences que nous avons déjà évoquées.
Et, si cette compétence est transférée, ce sera par la volonté des communes de notre CCPG.
Il
est possible que certain-e-s des élu-e-s de nos communes ne savent
pas ce qui se passe ?
Peut-être
même sont-ils comme les nôtres et ne comprennent-ils pas ce qu'il
est possible de faire ?
Nous avons
donc proposé notre aide à notre municipalité pour informer les
habitants de notre Communauté de communes.
Nous
avons aussi écrit à tou-te-s les élu-e-s (voir notre lettre ici) et maintenant ils/elles
savent de ce qu'il en est, et au Président de la CCPG (voir notre lettre ici) pour qu'il
organise très rapidement une réunion publique d'information.
Chacun-e
devra alors assumer son choix et l'urgence de cette décision, sans
information des populations, quand la campagne électorale pour les
municipales commence.
Nous
ne manquerons pas alors, pour notre part, d'informer nos
concitoyen-ne-s sur les façons de faire de celles et ceux qui
dominent nos collectivités depuis si longtemps.
Ils
nous faut donc mobiliser rapidement et largement pour que tou-te-s
les habitants de la CCPG puissent connaître la situation et faire
valoir la volonté générale seule capable de définir l'intérêt
général (voir notre lettre ici).
Pour
rejoindre le collectif écrivez à : collectifeauccpg@gmail.com
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